La gamejam comme espace de rencontres

Fabrication de jeux en Club : La gamejam comme espace de rencontres

Présentation dans le cadre de la table ronde “Créations alternatives et détournements”, Symposium i3 - Inclusion, Intersectionnalité, équité Intergénérationnelles : le passé et l’avenir, organisé par l’Université de Montréal, en ligne, 28 septembre 2021

Je vais parler du point de vue de quelqu’un qui a organisé et participé à des gamejams et qui a un peu écopé de la culture toxique autour des gamejams.

La gamejam est un événement de création de jeu sous contrainte en tant normal concentré sur un week-end ou une semaine maximum.

Dans l’idée la gamejam bienveillante va s’opposer à la culture du crunch qui impose de travailler non-stop, d’être productif et de faire du contenu à tout prix (qu’importe l’état de santé des participant.e.s)

La culture du crunch est souvent allié à cette forme de production puisque les gamejams sont souvent utilisée pour faire des prototypes de manière “pas chers”, c’est-à-dire au prix de la santé des créateurices.

Là des exemples de personnes ayant organisé des gamejams bienveillantes

On est plusieurs à commencer à penser des alternatives à ce format. J’ai même hésité à lancer le concept de “slow jam” mais je me suis rappelae que rajouter de nouveaux concepts toutes les deux semaines est trop productif.

Donc nos gamejams au Pang Pang Club se font sur des formats qui peuvent aller de trois jours à un mois et demi, on est même monté jusqu’à deux mois mais cela a eu l’effet inverse de ce qu’on escomptait. L’atout de ces gamejams c’est qu’au Club on pratique l’accueil au sein d’un groupe. Ce groupe était à la base un groupe d’atelier amateur qui n’est pas forcément devenu professionnel mais cette étiquette “amateur” était liée à un financement DRAC et maintenant nous pouvons assumer que même si on ne gagne pas d’argent avec nos productions, nous ne sommes pas pour autant amateurices.

Au Pang Pang Club on crée des jeux, des artefacts jouables, des petites choses vidéoludiques et on développe une pratique prospective autour du jeu.

Les gens que l’on retrouve souvent au Club et qui m’aide à organiser le Club et ses événements, les voici :

De 18 à 35-40 ans, les membres n’ont pas d’obligation de participation et nous nous réunissons plutôt les mardi, soit pour des gamejams soit pour traîner ensemble ce qui permet d’avoir un espace de rencontre.

Une autre manière d’accueillir des gens qui vont participer à nos gamejams, c’est de montrer les productions précédentes du Club, ce qui permet de placer un horizon d’attente sur quels types de jeux on pratique. On pratique le jeu un peu à l’état de prototype, parfois juste une idée un peu poétique où il n’y a pas forcément d’objectif. Les personnes qui entrent au Club peuvent ainsi, par les productions des autres membres, leur permettre de savoir où iels arrivent et ne pas se mettre de pression puisqu’on s’amuse à jongler avec plusieurs formats.

Donc on privilégie les échanges à la production : les sessions du mardi ne sont pas forcément des sessions de travail et même souvent des sessions d’idéation où on va discuter d’idées par rapport à la gamejam en cours ou d’idées en lien avec les travaux de chacun.e et faire des feedbacks de manière collective.

On a une plateforme sur laquelle on va pouvoir publier des contenus qui vont privilégier plutôt la démarche que la production.

Une autre manière d’accueillir les gens c’est de travailler sur des thématiques situées. Ici deux jams par Flore et Lucas autour de thématiques qui vont assez bien avec l’année que nous venons de vivre.

Le Club a commencé sur ce format là en 2020 et ce n’est pas anodin que notre manière de travailler autour de la gamejam ait débuté en plein confinement. Nous nous rassemblions beaucoup de fois par semaine à l’occasion de la gamejam “Chez Moi” organisée par Miss Myu. Ces formes d’échange sont restées, le Club s’est maintenu à distance, on ne se voit pas, on parle mais on peut aussi simplement échanger à l’écrit. Il y a des manières de participer qui implique que les gens viennent à leur rythme et de la manière qui leur convient.

Au Club on propose souvent l’utilisation d’outils simples d’accès et faciles à prendre en main dont certains dans la lignée de Twine permettent des révolutions. Un outil facile à prendre en main permet à des personnes qui n’avaient pas la possibilité de le faire de partager leurs récits et leurs visions du monde.

La rapidité de prise en main de ces logiciels permet d’ouvrir la porte à des gens qui ont peu de temps, par exemple des parents. L’accessibilité de l’outil permet de se concentrer sur le récit, l’atmosphère, le message ou l’idée forte que la personne veut véhiculer.

Enfin, pour accueillir, il faut bien penser le cadre. Il est possible de faire une gamejam en trois heures mais il faut adapter les contraintes et proposer des outils pratiques. Trop laisser traîner une gamejam peut aussi avoir des effets négatifs puisque les participant.e.s ont l’impression de stagner, de perdre le fil et se ronge de leur improductivité potentiel.

Voici le dernier conseil de care pour organiser des gamejams qui sont en fait des espaces de rencontres !